Comment remplir sa déclaration douanière pour La Réunion ?
- Sophie Hugues
- 3 minutes de lecture
L’envoi de colis vers La Réunion nécessite une attention particulière aux formalités douanières. Ce département français d’outre-mer, bien que faisant partie intégrante du territoire national, est soumis à des règles douanières spécifiques qui peuvent parfois surprendre les expéditeurs métropolitains. Une déclaration douanière incorrecte ou incomplète peut transformer un simple envoi en véritable casse-tête administratif.
Les conséquences d’erreurs sur ces documents ne sont pas à prendre à la légère : retards considérables, amendes parfois salées, voire la saisie pure et simple de votre colis. Dans certains cas, on observe des délais supplémentaires pouvant atteindre plusieurs semaines, sans parler des frais additionnels qui peuvent largement dépasser la valeur initiale du colis.
Cet article vous propose un guide pratique pour naviguer sereinement dans les méandres administratifs de l’expédition vers La Réunion. Notre objectif ? Vous éviter les blocages frustrants et vous permettre d’assurer une livraison fluide de vos envois.

Les fondamentaux de la déclaration douanière pour La Réunion
Différences entre CN22 et CN23 : quel formulaire choisir ?
Le choix du formulaire approprié constitue la première étape cruciale de votre déclaration. Deux documents principaux existent : le CN22 et le CN23. Leur utilisation dépend essentiellement de deux critères fondamentaux.
Le formulaire CN22 convient aux envois :
- D’une valeur inférieure à 300€
- D’un poids ne dépassant pas 2kg
En revanche, le formulaire CN23 devient obligatoire dès que :
- La valeur marchande dépasse 300€
- Le poids excède 2kg
- Le contenu présente un caractère commercial
Bien que La Réunion soit un département français, son statut de DROM (Département et Région d’Outre-Mer) implique des contrôles douaniers systématiques. Il arrive que des agents exigent parfois un CN23 même pour des envois de faible valeur, par mesure de précaution. Dans le doute, il semble préférable d’opter pour le CN23, plus complet.
N’oubliez pas que certains documents doivent accompagner votre déclaration douanière. Pour les envois commerciaux, une facture détaillée en double exemplaire s’avère indispensable. Les envois de particulier à particulier nécessitent généralement une attestation sur l’honneur précisant la nature et la valeur du contenu.
Les informations essentielles à ne jamais omettre
Certaines informations sont cruciales. Leur absence bloque presque systématiquement votre colis en douane.
- Coordonnées complètes : Indiquez précisément les noms, adresses et numéros de téléphone de l’expéditeur et du destinataire. Une erreur sur le code postal réunionnais (97400 à 97490) peut égarer votre colis. Le numéro du destinataire est très utile pour la livraison.
- Description des marchandises : C’est l’élément le plus vérifié par les douaniers. Évitez les termes vagues comme « cadeau » ou « effets personnels ». Soyez précis : « chemise en coton pour homme », « livre de cuisine relié », « pièces détachées électroniques pour ordinateur portable », etc. La clarté accélère le traitement de votre envoi.
- Valeur et poids déclarés : Ils doivent être exacts. Sous-évaluer un colis pour éviter les taxes est une infraction douanière sanctionnable. Les scanners et contrôles aléatoires détectent facilement ces tentatives. Par exemple, un smartphone déclaré à 50€ au lieu de 500€ éveillera les soupçons des autorités.
Les 5 erreurs critiques qui bloquent systématiquement vos colis
Sous-évaluation des marchandises : une fausse bonne idée
Il peut être tentant de minorer la valeur de vos envois pour réduire les droits et taxes à l’importation. Cette pratique, pourtant répandue, expose l’expéditeur comme le destinataire à des risques significatifs. Les amendes pour fausse déclaration peuvent atteindre trois fois le montant des droits éludés, sans compter la confiscation possible des marchandises. Dans certains cas, des poursuites pénales peuvent même être engagées.
Pour déterminer correctement la valeur de votre envoi, basez-vous sur le prix d’achat réel pour les objets neufs. Pour les objets d’occasion, une estimation raisonnable de la valeur marchande actuelle convient généralement. En cas de doute, une recherche rapide des prix pratiqués sur les plateformes de vente en ligne pour des articles similaires peut servir de référence.
Pensez à conserver les justificatifs d’achat, factures ou tickets de caisse. Ces documents peuvent être demandés par les services douaniers en cas de contrôle approfondi. Parfois, il s’avère judicieux de joindre une copie de ces justificatifs directement à votre envoi, particulièrement pour les articles de valeur.
Même les envois entre particuliers sans caractère commercial doivent être correctement évalués. La notion de « cadeau » n’exempte pas de déclarer sa valeur réelle, contrairement à une idée reçue. 📦
Descriptions imprécises ou incomplètes
Les services douaniers de La Réunion rejettent régulièrement des colis dont la description manque de précision. Par exemple, indiquer simplement « vêtements » s’avère insuffisant. Les douaniers attendent des descriptions comme « 3 t-shirts en coton pour enfant et 1 pantalon en jean pour adulte » qui permettent d’identifier clairement la nature des articles.
Pour rédiger une description efficace, il convient d’adopter un format spécifique. Mentionnez d’abord la quantité, puis la nature exacte du produit, son matériau principal et, si possible, sa finalité. Cette approche réduit considérablement les risques de blocage administratif lors des contrôles.
Les douanes réunionnaises exigent un niveau de détail particulièrement élevé pour certaines catégories de produits. Les appareils électroniques doivent être décrits avec leur marque et modèle. Les produits alimentaires nécessitent la mention des ingrédients principaux et du type de conditionnement. Quant aux pièces détachées, elles requièrent l’indication du type d’appareil auquel elles sont destinées.
Méconnaissance des produits soumis à restrictions
Certains produits, bien que légaux en métropole, font l’objet de restrictions spécifiques à La Réunion. Ces limitations visent notamment à protéger l’écosystème unique de l’île ou à répondre à des problématiques locales.
Produits fréquemment soumis à des restrictions :
- Produits d’origine animale (viandes, fromages, miel)
- Végétaux et semences (risques phytosanitaires importants)
- Médicaments (même en vente libre en métropole)
- Certains appareils électroniques sans certification adaptée
Pour les produits réglementés, des procédures additionnelles s’imposent. Parfois, un certificat phytosanitaire doit être obtenu avant l’expédition. Dans d’autres cas, une autorisation préalable d’importation s’avère nécessaire. Il arrive aussi que certains produits doivent être accompagnés d’une fiche technique détaillée.
L’information à jour concernant ces restrictions peut être consultée sur le site de la Direction Régionale des Douanes de La Réunion. D’ailleurs, ces règles évoluent périodiquement, notamment en fonction des risques sanitaires identifiés sur l’île.
Erreurs dans le code tarifaire (HS)
Le code tarifaire, également appelé code HS (Système Harmonisé), joue un rôle déterminant dans le processus douanier. Ce code à 6 chiffres minimum identifie précisément chaque type de marchandise au niveau international. Une erreur dans ce code peut entraîner l’application incorrecte de taxes ou, pire encore, le blocage du colis.
Pour identifier le bon code pour vos produits, plusieurs approches sont possibles. Le site des douanes françaises propose un outil de recherche par mot-clé appelé RITA. Certains transitaires offrent également des services d’assistance pour déterminer le code approprié. En cas de doute, il semble préférable de consulter un spécialiste plutôt que de risquer une erreur.
Pour les envois réguliers, il peut être judicieux de créer une liste de référence des codes utilisés fréquemment. 🔍
Oubli des documents d'accompagnement
Une déclaration douanière complète nécessite souvent des documents supplémentaires. Pour les envois commerciaux, la facture représente un élément indispensable. Celle-ci doit mentionner clairement l’expéditeur, le destinataire, la description détaillée des produits, leur valeur unitaire et totale, ainsi que les conditions de vente (Incoterms). Idéalement, cette facture doit être établie en français ou en anglais.
Les certificats d’origine deviennent nécessaires dans certaines situations, notamment pour bénéficier d’avantages tarifaires. Bien que La Réunion fasse partie du territoire douanier de l’Union Européenne, certains produits spécifiques peuvent nécessiter ce type de document, particulièrement s’ils proviennent initialement de pays tiers avant d’être réexpédiés depuis la métropole.
D’autres documents peuvent s’avérer indispensables selon la nature des marchandises. Les produits cosmétiques requièrent une fiche technique. Les appareils électroniques doivent être accompagnés d’une attestation de conformité CE. Quant aux denrées alimentaires, elles nécessitent parfois des certificats sanitaires. Un manquement à ces exigences documentaires entraîne presque systématiquement un blocage en douane.

Guide pas à pas pour remplir votre déclaration douanière
Préparation des informations avant de commencer
Avant même de commencer à remplir le formulaire, rassembler l’ensemble des informations nécessaires permet d’éviter les erreurs et les oublis. Une préparation minutieuse facilite grandement la suite du processus.
Checklist des éléments à préparer :
- Coordonnées complètes de l’expéditeur et du destinataire
- Liste détaillée des articles avec description précise
- Valeur individuelle et totale des marchandises
- Poids net et brut du colis
- Code tarifaire (HS) pour chaque type de produit
- Documents d’accompagnement requis
Avant de finaliser votre déclaration, vérifiez si les produits que vous souhaitez envoyer font l’objet de restrictions particulières pour La Réunion. Cette vérification préalable peut vous épargner bien des désagréments. Certains expéditeurs réguliers tiennent d’ailleurs à jour une liste des produits interdits pour l’envoi vers La Réunion.
Pour un traitement fluide, organisez vos documents dans l’ordre où ils seront consultés par les services douaniers. Placez la déclaration CN23 bien visible, suivie des factures et autres documents d’accompagnement. Cette organisation méticuleuse peut paraître superflue, mais elle contribue significativement à accélérer le traitement de votre envoi.
Remplir le formulaire CN23 section par section
L’en-tête du formulaire CN23 requiert les informations d’identification fondamentales. Commencez par indiquer clairement s’il s’agit d’un cadeau, d’un document, d’un échantillon commercial ou d’une marchandise. Cette catégorisation influence directement le traitement douanier. Complétez ensuite soigneusement les coordonnées, en veillant à l’exactitude du code postal réunionnais et du numéro de téléphone du destinataire.
La section consacrée aux marchandises mérite une attention particulière. Pour chaque type d’article, renseignez une ligne distincte avec sa description précise, son poids, sa valeur et son pays d’origine. Évitez de regrouper des articles différents sous une description générique. Par exemple, au lieu d’écrire « produits cosmétiques », détaillez « 1 crème hydratante 50ml et 1 gel douche 200ml ».
La partie déclaration et signature constitue l’engagement légal de l’expéditeur. En apposant votre signature, vous certifiez l’exactitude des informations fournies et confirmez que l’envoi ne contient pas d’articles dangereux ou prohibés. N’oubliez pas de dater le document. Certains expéditeurs négligent parfois cette section, ce qui peut entraîner le refus pur et simple du colis par les services douaniers.
Cas particulier des envois commerciaux
Les envois commerciaux vers La Réunion présentent des spécificités qui les distinguent nettement des envois personnels. Tout d’abord, la notion de franchise disparaît presque entièrement. Même les envois de faible valeur sont généralement soumis aux droits et taxes, contrairement aux colis entre particuliers qui bénéficient d’une franchise jusqu’à 45€.
Pour un traitement douanier optimal, plusieurs documents spécifiques doivent accompagner ces expéditions :
- Une facture commerciale en trois exemplaires, mentionnant l’origine des produits
- Un document de transport (lettre de voiture, connaissement maritime ou LTA)
- Une liste de colisage détaillée pour les envois multiples
Concernant la TVA, elle s’applique différemment à La Réunion. Le taux normal s’établit à 8,5% (contre 20% en métropole), tandis que le taux réduit est fixé à 2,1%. Certains produits de première nécessité bénéficient d’ailleurs d’une exonération. Cette particularité fiscale doit être prise en compte dans vos documents, notamment sur la facture commerciale où le montant hors taxes doit apparaître distinctement.
D’autres taxes spécifiques peuvent s’appliquer, comme l’octroi de mer, une taxe locale qui varie généralement entre 0% et 30% selon la nature des produits. Les entreprises qui expédient régulièrement vers l’île gagnent souvent à consulter un expert en fiscalité ultramarine pour optimiser légalement leurs déclarations.
Solutions aux problèmes courants avec la douane réunionnaise
Que faire en cas de blocage douanier ?
Face à un colis bloqué en douane, la première démarche consiste à contacter directement le service douanier concerné. Préparez-vous à fournir toutes les références de votre envoi : numéro de tracking, date d’expédition et coordonnées complètes.
Les documents complémentaires les plus fréquemment demandés comprennent :
- Une facture détaillée avec preuve de paiement
- Une attestation sur l’honneur précisant l’usage prévu des marchandises
- Des photographies des articles pour vérification
- Une procuration du destinataire autorisant le dédouanement
Les délais de traitement varient considérablement selon la nature du blocage. Une simple demande de précision peut se résoudre en 24-48 heures. En revanche, une inspection physique approfondie peut prolonger l’attente de 5 à 10 jours ouvrés. Dans les cas les plus complexes impliquant des expertises spécifiques, le délai peut malheureusement s’étendre jusqu’à plusieurs semaines.
Recours possibles en cas de litige
En cas de désaccord avec l’administration douanière, l’expéditeur ou le destinataire dispose de plusieurs recours administratifs.
La première démarche est la réclamation contentieuse, à adresser au directeur régional des douanes de La Réunion. Cette réclamation doit être effectuée dans un délai de deux ans à compter de la notification du litige.
Les délais de contestation sont les suivants :
- Contestation d’une décision de saisie : deux mois.
- Litiges liés à la valeur déclarée ou à la classification tarifaire : trois mois après la notification.
Pour augmenter vos chances de succès, suivez ces conseils :
- Conservez tous les échanges écrits avec l’administration.
- Argumentez précisément en vous référant aux textes réglementaires pertinents.
- Privilégiez une approche constructive. Une solution amiable est parfois possible via le service de médiation des douanes avant d’engager des procédures plus formelles.
Déclaration douanière pour La Réunion : à retenir
La réussite d’un envoi vers La Réunion repose largement sur la qualité de sa déclaration douanière. Les points essentiels à retenir incluent l’importance d’une description précise des marchandises, la nécessité d’une évaluation honnête de leur valeur, et la préparation méticuleuse des documents d’accompagnement. Ces éléments, bien que parfois fastidieux à préparer, constituent le passeport indispensable de votre colis.
Une préparation minutieuse en amont permet d’économiser un temps considérable par la suite. La vérification des restrictions applicables, l’identification correcte des codes tarifaires et la constitution d’un dossier documentaire complet représentent des investissements judicieux. Cette approche préventive s’avère infiniment préférable à la gestion souvent complexe d’un blocage douanier déjà effectif.
Les bénéfices d’une déclaration correctement remplie dépassent la simple conformité administrative. Elle assure une livraison plus rapide, préserve la relation de confiance avec votre destinataire réunionnais et vous épargne des frais supplémentaires parfois conséquents. Dans un monde où la rapidité des échanges devient primordiale, cette maîtrise des formalités douanières constitue un véritable avantage logistique.
FAQ : Déclaration douanière pour La Réunion
La Réunion, comme la Martinique, la Guadeloupe et la Guyane, fait partie de l'Union Européenne et de son territoire douanier. En revanche, d'autres territoires comme la Polynésie française ou la Nouvelle‑Calédonie ont un statut douanier distinct. Cette particularité de La Réunion implique l'application de la réglementation douanière européenne, avec certaines adaptations locales comme l'octroi de mer.
L'envoi de médicaments vers La Réunion est soumis à des restrictions strictes. Les médicaments sur ordonnance nécessitent une copie de la prescription médicale jointe à l'envoi. Même les médicaments en vente libre doivent être déclarés précisément. Les quantités sont généralement limitées à trois mois de traitement pour usage personnel. Pour les entreprises, des autorisations spécifiques de l'ANSM sont requises.
Le calcul exact des taxes dépend de plusieurs facteurs : nature du produit, valeur déclarée, poids et statut de l'expéditeur/destinataire. Pour une estimation fiable, le simulateur en ligne des douanes françaises prend en compte l'octroi de mer et la TVA spécifique à La Réunion. Les envois entre particuliers bénéficient d'une franchise jusqu'à 45 €, tandis que les envois commerciaux sont généralement taxés dès le premier euro.
Pour les envois correctement documentés, le dédouanement prend habituellement entre 24 et 72 heures après l'arrivée sur l'île. Ce délai peut s'allonger significativement en cas d'informations manquantes ou de contrôles approfondis. Les périodes de forte activité, notamment avant les fêtes de fin d'année, peuvent également impacter les délais de traitement. Un suivi régulier via les références de tracking permet de surveiller l'avancement du processus.