Quels produits sont interdits à l'envoi vers la Guadeloupe ?
- Sophie Hugues
- 3 minutes de lecture
Expédier un colis vers les DOM-TOM ressemble parfois à un parcours du combattant. Entre les formalités douanières, les délais allongés et les risques de refus, chaque détail compte. Et parmi ces détails, la liste de colisage joue un rôle déterminant.
Dans cet article, nous vous dévoilons une méthode pas à pas pour créer une liste de colisage irréprochable, spécialement adaptée aux exigences des territoires d’outre-mer. Fini les blocages en douane et les maux de tête administratifs.

Comprendre l'importance d'une liste de colisage pour les DOM-TOM
Définition et rôle d'une liste de colisage (packing list)
La liste de colisage, parfois appelée « packing list« , n’est pas qu’un simple bout de papier. C’est un document officiel qui décrit minutieusement le contenu de votre expédition.
Contrairement à la facture qui détaille les aspects commerciaux ou au bordereau d’expédition qui concerne principalement la logistique, la liste de colisage se concentre exclusivement sur le contenu physique des colis.
Pour les douanes des DOM-TOM, ce document est particulièrement scruté car il sert de base pour :
- Vérifier la concordance entre ce qui est déclaré et ce qui est réellement expédié
- Déterminer les droits et taxes applicables
- Identifier les éventuelles marchandises prohibées ou soumises à restrictions
D’ailleurs, bien que ce document n’ait pas de format strictement imposé par la loi, il possède une réelle valeur administrative et peut être exigé comme preuve en cas de litige.
Les conséquences d'une liste de colisage incorrecte ou incomplète
Une liste de colisage approximative, c’est comme jouer à la roulette russe avec vos marchandises. Et croyez-nous, les conséquences peuvent être désastreuses.
Voici concrètement ce que vous risquez :
- Immobilisation prolongée en zone douanière (parfois jusqu’à plusieurs mois)
- Frais de stockage qui s’accumulent jour après jour
- Pénalités financières pouvant atteindre 20% de la valeur des marchandises
- Dans les cas extrêmes, destruction pure et simple de votre envoi
Sans parler de l’impact sur votre relation client ou votre activité professionnelle. Pour certaines entreprises dépendantes des marchés ultramarins, ces blocages peuvent représenter un véritable danger pour leur trésorerie.
Les éléments essentiels d'une liste de colisage conforme
Informations obligatoires sur l'expéditeur et le destinataire
La première partie de votre liste de colisage doit identifier clairement qui envoie et qui reçoit. Ça paraît évident, mais il y a souvent des erreurs à ce niveau.
Pour l’expéditeur comme pour le destinataire, vous devez impérativement mentionner :
- Nom complet (personne physique ou morale)
- Adresse détaillée (numéro, rue, code postal, ville)
- Numéro de téléphone joignable
- Adresse email valide
- Numéro SIRET pour les professionnels
En fonction du territoire de destination, des informations supplémentaires peuvent être requises. Par exemple, pour la Nouvelle-Calédonie, le numéro RIDET du destinataire est souvent demandé, tandis que pour la Polynésie française, le numéro TAHITI peut être exigé.
À noter que pour les Antilles françaises, bien que faisant partie intégrante du territoire douanier de l’Union européenne, certaines spécificités s’appliquent en raison de l’octroi de mer. Il n’est donc pas rare que les autorités locales demandent davantage d’informations qu’à l’accoutumée.
Description détaillée des marchandises
C’est ici que se joue véritablement le sort de votre expédition. La description des marchandises doit être précise, exhaustive et conforme aux nomenclatures douanières pour les DOM-TOM.
Parlons d’abord des codes NC/SH (Nomenclature Combinée/Système Harmonisé). Ces codes à 6, 8 ou 10 chiffres identifient universellement les marchandises. Une erreur à ce niveau et c’est la catastrophe assurée. Pour les trouver, vous pouvez utiliser le site RITA (Référentiel Intégré Tarifaire Automatisé) des douanes françaises – mais franchement, mieux vaut demander conseil à un spécialiste en cas de doute.
Quelques conseils pour la description :
- Soyez précis mais concis : « Chemise homme 100% coton » plutôt que simplement « Vêtement »
- Mentionnez systématiquement les matériaux et composants
- Indiquez l’usage prévu : « Pièce détachée pour machine agricole » plutôt que « Pièce métallique »
- Évitez les abréviations ou termes techniques non universels
Les dimensions et poids doivent être indiqués avec précision : longueur, largeur, hauteur en centimètres, poids en kilogrammes. Un écart de plus de 5% entre le poids déclaré et le poids constaté peut suffire à déclencher une inspection approfondie.
Quant à la valeur déclarée, c’est un point sensible. Elle doit correspondre à la valeur réelle de la marchandise (prix d’achat ou coût de production). Sous-évaluer pour payer moins de taxes est une pratique risquée qui peut vous coûter très cher en cas de contrôle.
Mentions spéciales selon la nature des produits
Pour les produits alimentaires, la vigilance est de mise. Les autorités sanitaires ultramarines sont particulièrement regardantes – et pour cause, les écosystèmes insulaires sont fragiles. Votre liste de colisage doit mentionner :
- La date de production et la date limite de consommation
- Les numéros de lot de fabrication
- Les certifications sanitaires (notamment le numéro d’agrément sanitaire européen)
- La liste complète des ingrédients, surtout pour les allergènes
Spécificités des produits électroniques
Pour les appareils électroniques, le diable se cache dans les détails techniques. Votre liste doit absolument préciser :
Les normes CE auxquelles répond le produit, les tensions et fréquences supportées (crucial pour les DOM-TOM où les standards peuvent varier), ainsi que la présence éventuelle de batteries au lithium qui font l’objet d’une réglementation spécifique en transport aérien. D’ailleurs, à ce sujet, les batteries doivent être déclarées avec leur puissance en watt-heure.
Un conseil : joignez systématiquement une photo du marquage CE et des spécifications techniques à votre liste de colisage.
Textiles et cosmétiques : composition détaillée obligatoire
Pour les textiles, on pourrait penser qu’une simple description suffit. Erreur ! La douane exige :
- La composition exacte des fibres (pourcentages précis)
- Le pays d’origine de fabrication (pas seulement de la marque)
- Le type de traitement subi par le tissu
Quant aux cosmétiques, ils représentent l’une des catégories les plus contrôlées. La liste de colisage doit détailler chaque ingrédient, mentionner les numéros de notification CPNP (Cosmetic Products Notification Portal) et préciser si le produit contient des substances soumises à restriction.
Cas particuliers selon les territoires
Chaque territoire ultramarin a ses propres sensibilités. Par exemple, la Nouvelle-Calédonie est particulièrement stricte sur les produits pouvant impacter sa biodiversité unique. La Polynésie française surveille de près les produits contenant du bois ou des matières végétales.

Méthode pour créer une liste de colisage parfaite
Préparation et collecte des informations
Avant même de commencer à rédiger, prenez le temps de faire un inventaire méticuleux. Cette étape préliminaire vous évitera bien des maux de tête par la suite.
Commencez par étaler tous vos articles et notez :
Information | Où la trouver |
Description exacte | Emballage, documentation technique |
Code douanier | Site RITA, fournisseur, fabricant |
Poids et dimensions | Mesure directe (balance précise) |
Valeur unitaire | Facture d’achat, prix catalogue |
Vérifiez ensuite les restrictions spécifiques au territoire de destination. Le site des douanes françaises propose une rubrique dédiée aux DOM-TOM, mais il est souvent plus pratique de consulter directement les sites des chambres de commerce locales qui offrent des informations plus détaillées et à jour.
Pour la recherche des codes douaniers, soyez méticuleux. Une erreur de classification peut entraîner l’application de droits et taxes incorrects. Dans le doute, n’hésitez pas à solliciter un avis de classement auprès des services douaniers – c’est gratuit et ça peut vous éviter bien des problèmes.
Rédaction et mise en forme du document
La clarté est votre meilleure alliée. Structurez votre liste de colisage de manière logique, en allant du général au particulier.
Nous recommandons habituellement cette structure :
- En-tête avec les informations d’expéditeur et destinataire
- Informations générales sur l’envoi (date, référence, incoterm)
- Tableau détaillé des marchandises
- Récapitulatif des poids et volumes
- Mentions spéciales et déclarations
- Signature et cachet commercial
Pour faciliter la lecture par les agents douaniers, utilisez une police claire comme Arial ou Calibri en taille 11 ou 12. Évitez les fioritures typographiques qui pourraient nuire à la lisibilité lors d’une impression de mauvaise qualité.
Vérification finale et contrôle qualité
Cette étape est cruciale. Avant validation, passez votre liste de colisage au crible de cette checklist :
✓ Toutes les coordonnées sont-elles complètes et exactes ?
✓ Chaque article est-il décrit avec précision ?
✓ Les codes douaniers sont-ils vérifiés et à jour ?
✓ Les poids et dimensions correspondent-ils à la réalité ?
✓ Avez-vous inclus toutes les mentions spéciales requises ?
✓ La valeur déclarée est-elle justifiable en cas de contrôle ?
Pour chaque territoire, certains points méritent une attention particulière. Pour la Martinique et la Guadeloupe, vérifiez les mentions liées à l’octroi de mer. Pour La Réunion, assurez-vous que les produits d’origine animale ou végétale sont correctement identifiés. Pour la Polynésie française, contrôlez doublement les numéros TAHITI et les codes douaniers locaux.
Une astuce : faire relire la liste par une personne qui n’a pas participé à sa rédaction. Un œil neuf repère souvent des incohérences ou des oublis qui nous échappent quand on est trop impliqué.
Adaptations spécifiques par territoire ultramarin
Antilles françaises (Guadeloupe, Martinique)
La Guadeloupe et la Martinique, bien qu’étant des départements français à part entière, présentent des particularités douanières que votre liste de colisage pour envoi par bateau doit refléter. Assurez-vous de bien remplir correctement votre déclaration douanière pour éviter tout retard de livraison.
Polynésie française, Nouvelle-Calédonie et autres COM
La Polynésie et la Nouvelle-Calédonie, c’est un peu une autre dimension douanière ! Contrairement aux DOM, ces territoires ont un statut particulier qui complique légèrement la donne pour nos listes de colisage.
En tant que pays et territoire d’outre-mer (PTOM), la Polynésie applique ses propres taxes et réglementations. Votre liste de colisage doit absolument mentionner :
- Le numéro TAHITI du destinataire (l’équivalent local du SIRET)
- La classification selon le Tarif des Douanes local (qui diffère parfois du système harmonisé standard)
- L’origine précise de fabrication de chaque produit (pas seulement « Made in France »)
Pour la Nouvelle-Calédonie, un élément peut souvent poser problème : la TCPPL (Taxe Conjoncturelle pour la Protection de la Production Locale). Cette taxe vise à protéger l’économie locale, et certains produits peuvent être lourdement taxés s’ils concurrencent la production calédonienne. Mieux vaut vérifier avant d’expédier !
Solutions aux problèmes fréquents et anticipation des litiges
Erreurs courantes et comment les éviter
Voici le top 5 des motifs de refus :
- Description trop vague des marchandises – Soyez précis jusqu’à l’excès !
- Incohérence entre la valeur déclarée et la nature des produits – Restez crédible et justifiable
- Absence de mentions spécifiques pour les produits réglementés – Renseignez-vous sur chaque catégorie
- Erreur dans les codes douaniers – Vérifiez-les deux fois plutôt qu’une
- Informations incomplètes sur l’expéditeur ou le destinataire – Ne négligez pas les détails administratifs
Une fois votre colis parti, certaines corrections sont encore possibles. Par exemple, vous pouvez généralement soumettre une liste de colisage rectificative tant que les marchandises n’ont pas été présentées en douane. En revanche, après inspection, c’est généralement trop tard.
Pour éviter ces problèmes, il est vivement recommandé de créer un modèle standard pour chaque territoire ultramarin avec lequel vous travaillez régulièrement. Ça vous fera gagner un temps fou et réduira considérablement les risques d’erreur.
Que faire en cas de blocage douanier
Pas de panique, voici la marche à suivre :
D’abord, contactez rapidement le service des douanes concerné. La réactivité est essentielle. Demandez précisément le motif du blocage et les documents supplémentaires requis. Préparez-vous à fournir :
- Une liste de colisage rectificative si nécessaire
- Des photos détaillées des produits
- Des fiches techniques ou certificats d’origine
- Une lettre explicative détaillant la nature et l’usage des marchandises
Si le dialogue est difficile, n’hésitez pas à solliciter un commissionnaire en douane local. Ces professionnels connaissent parfaitement les rouages administratifs et peuvent débloquer des situations qui paraissent inextricables.
Faire une liste de colisage : à retenir
Réussir sa liste de colisage pour les DOM-TOM, c’est un peu comme préparer un bon plat : il faut les bons ingrédients, suivre la recette à la lettre, et y mettre du cœur. Après tout, ce document est la carte d’identité de votre expédition.
Souvenez-vous que le temps investi dans la préparation d’une liste de colisage précise est toujours rentable. Entre les frais de blocage, les pénalités et les potentielles pertes de marchandises, l’approximation coûte bien plus cher que la rigueur.